Comment as-tu commencé la photographie, et pourquoi la continues-tu ?
Depuis tout jeune j’ai toujours aimé prendre des photos. Professionnellement, en tant que graphiste, l’image fait partie de mon environnement de travail depuis de nombreuses années. Pourtant j’ai attendu très longtemps avant d’utiliser un appareil photo pour faire autre chose que de la photo souvenir.
Mon parcours professionnel m’a fait rencontrer quelques photographes. Je les ai observé travailler, ce métier me fascinait mais ça restait pour moi un monde à part, un peu compliqué. Je me disais que j’y viendrais peut-être un jour, mais j’avais d’autres priorités.
C’est avec l’achat de mon premier numérique que je me suis mis réellement à la photographie. Comme j’avais souvent besoin d’images pour mon travail, le numérique m’a donné la possibilité de réaliser moi-même rapidement certaines photos dont j’avais besoin, ce qui m’a permis aussi de me découvrir une nouvelle passion.
Aujourd’hui, pour moi la photographie est plus qu’un outil de travail, c’est un moyen d’expression, d’expérimentation, de création qui permet de faire partager à travers une image le ressenti d’une situation particulière ou d’un éphémère moment d’émotion.
Couleur, noir et blanc, argentique, numérique ? Pourquoi ces choix ?
Comme pour beaucoup de gens qui ont des cartons de photos, de négatifs et de diapos, le numérique a changé bien des choses. Tout est devenu plus facile, plus simple à gérer techniquement, plus immédiat. J’ai vraiment commencé à expérimenter la photographie avec le numérique, à essayer des choses qui m’auraient demandé beaucoup plus de temps avec l’argentique.
Je travaille en couleur de préférence mais il m’arrive de prendre des photos en noir et blanc lorsque le sujet s’y prête ou que la couleur nuit à la compréhension de l’image.
Est-ce que c’est ce qu’on va retrouver dans ton exposition ?
La série que je présente fait partie d’un sujet qui m’intéresse depuis plusieurs années. C’est un travail de mémoire sur les lieux de production, sur ces endroits insolites, témoins d’un autre siècle qui sont condamnés à être transformés ou à disparaître, victime de l’industrialisation qui les a fait naître, de la course à la productivité, victime aussi plus prosaïquement de la nécessité de rentabiliser l’espace.
A l’ère de l’obsolescence programmée, du jetable et du recyclable, je cherche et photographie d’anciens ateliers, d’anciennes manufactures à la recherche des vestiges de ce qui représentait il y a encore quelques décennies, le symbole de la modernité et du progrès. Je traque l’âme de ces lieux où le temps s’est arrêté, immortalisant ces machines réduites au silence, ces outils poussiéreux, dans leur environnement naturel, sans éclairage ni mise en scène, pour qu’ils nous racontent un peu de leur histoire.
Je m’intéresse bien sûr également aux ateliers d’artisans d’art et aux manufactures encore en activité, ce qui, en plus d’offrir un cadre photographique souvent exceptionnel et surprenant, permet la mise en lumière de leur savoir-faire.
Y a-t-il un style photographique qui t’attire et auquel tu n’as pas encore touché ?
Je m’efforce d’aborder ce qui m’intéresse en photographie. Je tente d’améliorer ma pratique en explorant d’autres approches dans ce que j’aime faire. Si il y a un style auquel je n’ai pas encore touché, c’est probablement qu’il ne m’attire pas plus que ça, pour l’instant…
Pour certains la chanson française, c’est Brassens, Brel… Et ton style photo de prédilection, pour toi c’est QUI ?
Difficile de parler d’un style de photo, car plusieurs styles m’intéressent : la photo de spectacle, le mouvement, le portrait, la macro, la photo abstraite, le reportage…. J’ai un penchant pour la photographie documentaire, narrative ou la photo de rue prise sur le vif, sans artifices, prise au bon moment. Je suis finalement assez attiré par les choses simples.
Donner des noms serait en oublier, beaucoup de photographes connus ou non dans des registres très différents me surprennent. Et puis, il y a tant de photographes encore à découvrir…